L'abattage des arbres en bordure de rivière, sans autorisation préalable, est interdit depuis 1958 en Polynésie française car cette végétation peut protéger les berges et rendre service à l'écosystème.
Néanmoins, en prévention, les services publics du Pays envisagent cette opération, afin d’éviter d’éventuels embâcles et bouchons consécutifs aux chutes de branches et troncs lors de mauvais temps. Si elle est rendue nécessaire, il est important pour Te Ora Naho de cibler les espèces.
Rôle de la végétation aux abords des rivières
Les forêts riveraines des cours d'eau ont un rôle important :
Elles participent à la régulation des écoulements fluviaux importants (liquide et solide). En accueillant de grandes quantités d’eau pendant les crues, elles ralentissent l’onde de crue et écrêtent son maximum.
Ces forêts peuvent également servir de réservoir temporaire capable de stocker les excédents d’eau que la rivière ne peut évacuer dans l’instant.
Le rôle fondamental du système racinaire des grands arbres, comme les Mape, est également de protéger les berges de l’érosion, évitant les embâcles, apports élevés de matières en suspension dans le cours d’eau.
La fonction cynégétique et de refuge pour la faune (abris, source d’eau, couloir entre massifs forestiers, encorbellement pour les poissons et chevrettes), notamment pour de nombreux oiseaux protégés (Pigeon vert, Martin chasseur…) et la flore (espèces spécifiques à ce type de milieu, exemple : la fougère protégée Lindsaea tetragona « du sac carrefour ») est également essentielle.
Protection publique
Dans l’ensemble du Pays de la Polynésie française, tous les cours d’eau font partie du domaine public fluvial.
La délibération n°13/1958 du 7 février 1958, sur le régime des eaux et forêts en Polynésie française, stipule que « nul ne pourra couper ou arracher des arbres sur les rives d’un cours d’eau sur une largeur de 20 m à partir des bords du lit dudit cours d’eau déterminés par la hauteur des eaux coulant à pleins bords avant de déborder ».
Cette délibération protège ces forêts ou "ripisylves" et dans une plus large mesure les fonds de vallées véritables chevelus de rivières/ravines, même temporaires, tant qu’il y a la présence et la permanence d’un lit naturel à l’origine et qu’elle coule la majeure partie de l’année, sources des grandes rivières.
Il est donc clair qu'aucune personne privée n'a le droit d'abattre les arbres en bordure de rivière.
Quant au projet public d'abattage, nous pensons qu'il s'agit d'une initiative qui doit être bien encadrée.
Ne pas abattre n’importe quoi
La sélection des arbres à abattre s’impose pour ne pas aboutir à une destruction des berges.
Renseignements pris auprès de spécialistes, Te Ora Naho prône notamment l’abattage des espèces envahissantes mais la préservation d’arbres qui ont un rôle positif sur l’écosystème.
Ainsi, les Tulipiers du Gabon (Pisse pisse). les Falcatas. les Parasoliers et bien évidemment les miconias doivent être abattus.
En revanche, les ‘Purau’ , les ‘Mape’, Mara, Hotu, et les Ti’anina - Tianina mou'a (liste non exhaustive) doivent être préservés.
Ne pas abattre n’importe comment
L’abattage se doit d’être non-destructeur pour le sous-bois où se trouvent souvent des espèces indigènes voire endémiques qu’on veut favoriser.
Ainsi, il convient d’abattre les grands arbres en les débitant par tronçon. En effet, abattre l’arbre directement par la souche détruira le sous-bois en tombant (chablis) et favorisera les arbres envahissants.
De plus, il est important que les troncs découpés soient retirés des cours d’eau afin, bien évidemment, de ne pas favoriser les embâcles.
La Fédération des associations de Protection de l'Environnement "Te Ora Naho" reste à votre écoute pour toute suggestion constructive.