Une réunion regroupant plusieurs associations s'est tenue à la fin du mois de février pour faire un point sur les mesures préconisées pour nos rivières par les pouvoirs publics après les inondations .
Le nouveau Ministre de l'Equipement, Mr Luc Faatau, nous a fait l'honneur de sa présence et a prêté une oreille attentive aux exposés des spécialistes invités pour l'occasion.
Deux thématiques ont été abordées: celle de l'abattage de la végétation en bordure de rivières et celle des curages, à ne pas confondre avec les extractions.
La végétation joue un rôle important pour éviter l'érosion et protéger les berges
Frédéric JACQ a ainsi présenté les résultats d'une étude menée en 2013 par un groupe de chercheurs sur le rôle de la végétation vis-à-vis des mouvements de terrain en Polynésie française.
Quel rôle joue la végétation dans la stabilisation et la déstabilisation des terrains ? Quels sont par conséquent les espèces utiles et celles qui dégradent le milieu ? Focus a été fait sur celles qui poussent en bordure de rivière appelées aussi ripisylves.
Parasoliers, espèces nuisibles
Nous avons retenu qu'une sélection des arbres à abattre s’imposait pour ne pas aboutir à une destruction des berges et deux consignes ont été données:
1)Abattre les espèces envahissantes, et en priorité : les Tulipiers du Gabon (Pisse pisse), Falcata, Parasoliers, Miconia ... ce qui est autorisé par la législation en vigueur;
2) Protéger les arbres indigènes et leur formation(s) végétale(s) : Mara, Mape, Purau , Hotu, Ti’anina ...
Par ailleurs, la façon d'abattre les arbres est aussi importante :
1)Protéger les sous-bois peuplés d’espèces indigènes
2)Débiter les grands arbres par tronçon en évitant de favoriser par l'abattage de ces arbres (chablis) les espèces nuisibles
3) Retirer les troncs et branches coupées des abords des rivières (distance à définir) car lors des dernières inondations, il a été constaté que beaucoup d'embâcles étaient constitués par des morceaux d'arbres tronçonnés par l'homme et donc jetés trop près du lit des cours d'eau. Les troncs et branches coupés ont sans doute été stockés dans le lit majeur.
Une formation des bûcherons a été suggérée au Ministre Luc Faatau.
Les matériaux solides jouent un rôle important pour stabiliser les cours d'eaux
Mathieu AUREAU et Céline ADVOCAT ont quant à eux expliqué la mécanique de l'écoulement d'un cours d'eau et mis en garde contre l'extraction de matériaux solides qui génèrent des déséquilibres en amont et en aval et en particulier l'incision de la plupart de nos cours d'eaux ( érosion par rétrécissement et approfondissement) provoquant l'accélération de la vitesse de l'eau.
La disparition des plages aux alentours des embouchures est également une conséquence néfaste de ces extractions puisqu'elles génèrent un déficit en matériaux au final.
Où en est on du plan rivières présenté en 2016 par le gouvernement local ?
Le ministre de l'Equipement a été interpellé sur cette question.
Il prévoyait notamment la recherche de sites de roches en montagne permettant l'ouverture de carrières le plus tôt possible afin d'épargner nos rivières. Cette idée de carrière est à l'ordre du jour depuis plus de quinze ans.
Sera t il le ministre de la transition des rivières vers les carrières ?
Le Parlement de Nouvelle-Zélande vient de reconnaître le fleuve "Whanganu", considéré comme sacré par les maoris, comme une entité vivante. Ce cours d'eau sera désormais défendu dans les procédures judiciaires par deux avocats. Le fleuve Whanganui "aura sa propre identité juridique, avec tous les droits et les devoirs attenants", a déclaré le ministre de la Justice, Chris Finlayson. (source AFP).
En Polynésie, nous sommes à des années lumière de cette situation concernant la protection de nos rivières qui ont chacune un nom, une histoire et sont sujets de légendes...A quand des avocats attitrés pour les défendre ?