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NOTRE ACTUALITE

Photo du rédacteurTe Ora Naho

La Polynésie, sanctuaire intégral des requins, le "shark feeding" y est désormais interdit


Interdiction du SHARK FEEDING et autres pratiques de nourrissage d’animaux sauvages en Polynésie française

Le nourrissage des espèces sauvages est bien prohibé depuis la publication de la Loi du Pays n° 2017-25 du 5 octobre 2017 relative au code de l'environnement de la Polynésie française.

La loi interdit notamment :

« d'attirer à soi de quelques manières que ce soit des espèces sauvages, notamment par des gestes, bruits ou promesses de nourriture, lorsque cette pratique risque de constituer une gêne pour les autres utilisateurs de l'espace ou d'attirer des prédateurs. »

La fédération Te Ora Naho et plusieurs associations membres dont Sea Shepherd Tahiti, qui a milité pendant plusieurs années contre cette pratique et initié une pétition dans ce sens, saluent cette prise de décision courageuse de notre Ministre de l’Environnement et des autorités publiques.

Pourquoi arrêter le shark feeding ?

-Parce que le nourrissage artificiel modifie le comportement habituel des requins et les équilibres naturels

-Parce que les requins concernés se familiarisent à la présence humaine et les gestes habituels (clapots sur l’eau, bruit…) ne les font plus fuir, beaucoup de pêcheurs peuvent en témoigner

-Parce qu’il conduit à une concentration provoquée de requins sur un espace donné et les rend sédentaires .Des chasseurs sous-marins et des piroguiers nous ont dit avoir l'impression que les requins étaient plus nombreux qu'auparavant dans certaines zones.

"En réponse au nourrissage artificiel, on observe des comportements répétés d'agrégation aux sites de shark-feeding, c'est-à-dire que plusieurs requins se regroupent et de façon régulière. Ce n'est pas un comportement que l'on observe ailleurs » (Thèse de doctorat de Pierpaolo Brena 2016). Résultat : davantage de requins là où il y en avait moins auparavant et moins de poissons puisqu’ils servent de nourriture à plus de requins.

-Parce qu’on risque des comportements plus agressifs : "Quand vous augmentez la densité de requins en les attirant avec une quantité limitée de nourriture, vous augmentez en théorie la compétition entre les individus", selon Pierpaolo Brena.

-Parce que des accidents ont déjà eu lieu : "Plus les requins-citrons sont nombreux sur le site de nourrissage, plus ils manifestent des comportements de dominance. Ce sont des comportements d'agression ou de soumission qui sont à la fois coûteux en énergie pour les requins et peuvent contribuer à augmenter le risque de morsure accidentelle", toujours selon Pierpaolo Brena.

-Parce qu’on ne veut pas risquer d’accidents plus graves qui vont déclencher des frayeurs et pourraient aboutir à des chasses aux requins pour les exterminer.

Nous avons repris ici quelques conclusions de la thèse de doctorat de Mr Pierpaolo Brena, étudiant chercheur au CRIOBE, présentée en novembre 2016 sous le titre "Dimensions écologique et humaine de la relation Homme-Requin : approches fondamentale et appliquée du nourrissage de requins en Polynésie française "

Source Tahiti Infos du 3 novembre 2016:

« Pendant plus de deux ans, Pierpaolo Brena s'est intéressé à l'impact du shark-feeding sur les requins-citrons et les requins-tigres. L'objectif de son étude était en partie de répondre aux questions suivantes : le shark-feeding augmente-t-il l'agressivité des squales ? Cette pratique les rend-elle plus sédentaires ? ».

Même si le scientifique préconise une étude plus longue pour l’espèce requins-tigres sur le site de la Vallée blanche, au large de l’aéroport de Faaa, sa réponse à ces deux questions est positive au vu des premières conclusions de son étude : oui, les requins risquent d’être plus agressifs ; oui, les requins deviennent plus sédentaires …avec tous les inconvénients qu’engendreraient ces ruptures d’équilibre dans l’ordre naturel des choses.

Alors, arrêtons de jouer aux apprentis sorciers !

La sagesse des anciens polynésiens nous enseigne l’humilité face à la nature.

Certains plongeurs et clubs de plongée ne sont pas convaincus du danger à terme (peut-être pas pour les plongeurs nourrisseurs eux-mêmes, mais pour les autres utilisateurs de l’espace : plongeurs, chasseurs sous-marins, pêcheurs, piroguiers,baigneurs…), ils continuent donc la pratique et s’agitent pour obtenir des dérogations.

Pêcheur sous-marin

L’argument économique selon lequel l’attrait touristique de notre destination disparaîtrait sans le « shark-feeding » est douteux. N’y aurait-il donc plus rien à voir et plus rien de naturel à proposer aux plongeurs en Polynésie sans ce nourrissage artificiel ?

Sommes-nous obligés d’imiter les Bahamas ?

Shark feeding aux Bahamas

Et si par malheur, un accident grave arrivait ? Quid de l’attrait touristique de Tahiti et ses Iles pour la plongée ?

On peut voir des requins en plongée sans avoir à les nourrir, d'autant plus qu'ils constituent une espèce protégée dans toute notre ZEE.

Mur de requins gris à Fakarava (passe Sud)

Et si nous retournions l’argument marketing : « la Polynésie, une destination plongée entièrement naturelle, où le requin est intégralement protégé et le « shark feeding » banni » ?

Longtemps autorisée dans les lagons, la pratique du « shark-feeding » a ensuite été limitée à l’extérieur du lagon, au large, à plus d’un kilomètre des passes.

Elle est désormais interdite partout : qu’on se le dise !

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