Depuis l'Antiquité, le dauphin a donné naissance à de nombreux contes et légendes dans le rôle convenu d’ami des humains. L’opportunisme de certaines espèces qui n’hésitent pas à utiliser la proximité de l’homme pour arriver à leurs fins (pêches associées, comportements ludiques) et l’image d’« Oncle Tom » des océans abondamment utilisée par l’industrie hollywoodienne n’ont certes pas arrangé les choses. Si l’on y ajoute un sourire tout aussi célèbre et mystérieux que celui de La Joconde et un malaise général concernant l’identité de notre espèce au sein de la nature nous avons la réponse à l’explosion actuelle des activités commerciales liées à la rencontre avec ces cétacés.
Celles-ci se divisent en deux grandes catégories, qui s’opposent sans vraiment se différencier sur le fond :
1. Les spectacles de dauphins captifs, qui signifient trop souvent la capture d’animaux en milieu naturel. Celles-ci, ainsi que l’utilisation marchande des dauphins, créent de nombreux dommages collatéraux justement dénoncés par des organisations spécialisées. Cependant, la reproduction en bassin et sa contribution à la production d’une « nouvelle espèce domestique » aurait la capacité d’affaiblir voire de supprimer les prélèvements en mer et de faire baisser la pression sur les groupes de dauphins sauvages. Ce processus, très mal vu par de nombreux amis des animaux, a pourtant été celui qui leur a rendu familiers (et souvent indispensables) les chats, chiens, chevaux et autres animaux de compagnie.
2. Les spectacles d’observation en mer (whale and dolphin watch, nage et plongée sous-marine). Réputés écologiques, ils sont en réalité une source importante de dégradation et de pollution des comportements : harcèlements et habituations génèrent en effet des changements toxiques du mode de vie de ces animaux a priori sauvages. Cette forme d’exploitation est généralement présentée comme bénigne, voire écologique, par ses promoteurs mais sur des bases si empiriques qu’elles ne peuvent que favoriser la multiplication de dérives graves et d'accidents. La solution serait la mise en place rapide sur les zones les plus touchées d'une réglementation adaptée et correctement appliquée, une sensibilisation et une éducation du public ainsi qu’un suivi de qualité des populations impactées, ce que nous n’observons malheureusement pas aujourd’hui en Polynésie.
L’une des caractéristiques fortes de notre espèce est de pouvoir déplacer son champ de perception de manière à explorer d’autres mondes mentaux. Capacité qui pourrait nous permettre de poser des questions de dauphins aux dauphins (ou de baleines aux baleines) afin de négocier notre présence auprès de ces étranges et magnifiques créatures avec qui nous faisons monde.
Pourtant c’est un anthropocentrisme latent qui semble aujourd’hui aux commandes de toutes nos tentatives de partage de la planète avec nos voisins sauvages, nous privant de l’exploration d’un univers relationnel largement sous-estimé et d’un vrai projet civilisationnel pour la génération de la sixième extinction de masse...
Présentation du G.E.M.M :
Le GEMM est une organisation de science participative, apolitique et non-confessionnelle, travaillant à une meilleure connaissance et une meilleure conservation des cétacés sauvages en Polynésie. Nous nous focalisons en particulier sur la problématique de la relation entre l’homme et l’animal sauvage.
Site web : http://www.gemmpacific.org
Président : Alain Portal
alainportal@gemmpacific.org
Facebook : Dauphins de Rangiroa, Orques des Marquises